MetAlgeria 2.0 : ‘le pont’

 Je remercie Bilel Boudj (Bilex) d'avoir soulevé un sujet de conflit de générations sur le groupe Facebook MetAlgeria , chose  qui m’a directement incité à écrire cet article et essayer de donner ma vison des faits  étant donné que je reste l’un des derniers survivants de cette « Ancienne génération »de metalleux Algériens.

Reda et Hedi (Rascass)

Je me souviens qu'à mes débuts en 93/94 avec Neanderthalia on était comme livrés à nous-même, on avait très peu de références ou de modèles à suivre. Il y avait juste ‘Reda Bouali’ et ‘Bouchareb Hedi’, deux excellents guitaristes très doués avec une longueur d’avance qui  n’étaient autre que les deux six cordistes du groupe Rascass. Le premier groupe de metal Algérien à avoir enregistré une demo. Ils n’avaient jamais fait de scène et ils avaient splitté une année plus tard car reda était parti vivre aux états unis et Hedi  si je ne me trompe pas en Angleterre.

Nous revoilà en début 94 avec les premières répétitions de  Neanderthalia , on s’était mis d’accord que l’on allait jouer du Death Metal. On avait commencé à faire des  reprises de  ‘War for territorry’ et ‘Refuse Resist‘ des Sepultura et ‘True Belief’ de Paradise Lost,  Heu …..On parle bien de Death Metal la ? Oui avec un distortion bien grasse et une voix  bien énervée pour nous ça ne pouvait être que du Death Metal !

Samir et Redouane (Neanderthalia 1994)

Il y avait un autre détail qui m’avait marqué c’était la façon dont Samir (NDLR Guitariste chanteur du groupe Neanderthalia)  faisait  un « Palm muting »  il le faisait avec la main gauche en pressant légèrement sur le haut du manche avec son index, ça sonnait différemment comme ça devait l’être mais il n’y avait ni Monsieur  Youtube, ni Mister Google encore moins Guitar pro pour nous montrer comment faire ! Mais si je ne me trompe pas quelques mois après c’était Reda Bouali qui lui avait montré  la technique.  

Le 18 Mai 1995 c’était le 1^er concert de Neanderthalia, avec en première partie le groupe de grunge Last Soul. On ne savait même pas comment faire une balance, quand est ce que l’on devait commencer ?  Par quoi commencer ? Comment commencer etc. … à la fin du concert on était juste tout fiers d’avoir réunis une cinquantaine de personnes  qui étaient venus nous voir jouer pendant une heure et demie.  Mais on n’était pas conscient que l’on venait d’écrire une page d’histoire car ce jour-là ce n’était  autre que ’le 1^er concert de metal en Algérie’.

Litham 1997

En juillet 1999 avec mon second groupe Litham c’était la même chose on venait de sortir notre premier album sur le marché Algérien, on était tous fiers d’avoir accompli ‘cet exploit’ car ce n’était autre que le premier album de metal Algérien. Mais quelques temps après  on  ne savait pas ce qu’il fallait faire ?comment entamer les démarches pour le  second album ?  Dans quelles portes il fallait frapper ? Qu’est-ce que l’on devait faire ?  Encore une fois on était livrés à nous même car on n’avait aucun modèle ou aucune référence qui pouvait nous dicter (directement ou indirectement) la démarche à suivre.  Et c’est l’une des raisons pour laquelle le groupe a splitté et le second album de Litham n’a jamais vu le jour.

Quelques années plus tard aux environs de 2007 il y a eu ce que l’on appelle le fossé, une rupture,  car à cette époque-là  il n’y avait presque plus de concerts. Les groupes qui s’étaient formés en début des années 2000’s ou même avant comme Litham avaient tous splittés et les musiciens de la nouvelle génération venaient de se mettre à jouer d’un instrument.   

Et voilà comme si l’on recommençait tout à zéro car il n’y a pas eu passation de consignes !

T34

Eh bien figurez-vous qu’au début et au milieu des années 80’ en Algérie il y avait aussi toute une scène  de Rockers et de Hard rockers algériens qui avaient formés des groupes comme Khindjar ,Ouechma,  KG2 ,T34,… que j'appelerai  la scène « local Rock » (à ne pas confondre avec l'emission Local rock qui passait sur la chaine 3). Il y avait aussi pleins de concerts et quelques demos dont on en avait jamais entendu parler à l’époque !  Mais à votre avis pourquoi cette passation de consignes n’a pas eu lieu entre cette génération ‘local Rock’ et les Rascass/Neanderthalia ?

Trente-cinq ans plus tard voir même plus, nous voilà en 2017 et je me pose la question, doit on tout recommencer à zéro encore une fois ?   Mais bien sûr que non !  On ne doit pas refaire la même erreur encore une troisième fois et ne plus subir ce syndrome du ‘fossé’ qui nous anéantira encore une fois !  

Pensons à une nouvelle façon de voir les choses, à une nouvelle scene Metal 2.0,  essayons de créer des plateformes qui serviront de Pont entre l’ancienne et la nouvelle génération.  Il faudra que les metalleux de la nouvelle génération profitent de l’expérience et des conseils de leurs ainés, et que les metalleux de l’ancienne génération profitent eux aussi à leur tour  de l’éveil et de la fraicheur de leurs cadets.

 Je pense que c’est le moment de construire, et de penser à notre Algérie de demain. Qu’allons-nous laisser pour les générations futures ?

Redouane Aouameur